Mes dernières chroniques

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dimanche 29 décembre 2013

Consolation

Auteur : Nathalie Aumont
Edition : Arléa
Collection : 1er mille
ISBN : 2363080319
Pages : 106 pages
Prix : 16 euros


RÉSUMÉ

Soit une famille, parents aimants, fratrie de trois, une fille, deux garçons, grands adolescents, presque adultes, prêts pour le beau départ dans la vie. Le bonheur simple, sans histoire. Survient le drame : un des fils, promis à une carrière de pilote de chasse dans l’armée, se tue dans un accident de voiture en rejoignant la maison familiale. Après la sidération des premières heures, la douleur submerge tout. Raconté par le menu, jour après jour, année après année, le deuil, ou plutôt la façon de s’en accommoder, nous est restitué avec pudeur et émotion par la soeur, la narratrice.

Chacun réagit comme il peut : la mère, dévastée, le père, muet, le frère et la sœur taraudés par cette question, pourquoi lui et pas nous ? Face à la révolte et à l’impuissance de ceux qui restent, la narratrice oppose un récit tremblant, mais qui, peu à peu, s’apaise et va vers la consolation. Le temps, implacable, fait son travail et rend la douleur moins vive, sans l’effacer, bien sûr, peut-on jamais se remettre de la mort d’un enfant, d’un frère ? Le temps passe et œuvre à cette vie qui, vaille que vaille, continue, avec la naissance des petits-enfants, pour lesquels le disparu devient un nom, une photo, quelques mots.



L'AUTEUR

Nathalie Aumont est née le 18 Avril 1966. Elle vit à Bordeaux avec ses deux enfants Pierre et Jules. Elle y enseigne l'histoire.
Consolation est son premier roman sur le thème du deuil familial.



MON AVIS

23 ans. 23 ans c'est à la fois l'âge qu'avait Nathalie Aumont lors du drame et celui du temps nécessaire avant de faire couler l'encre des maux qui ont ravagé sa famille depuis cette date fatidique du 28 Septembre 1989 à 22 heures.

Consolation c'est un parcours, un chemin poignant de la mort, des enfers, vers la survie et ainsi la consolation. Si ce n'était pas dans le cadre de la 15eme édition du Prix des lecteurs de l'Armitière jamais je n'aurais eu le courage d'ouvrir un roman sur un tel sujet. Je serais passée à côté d'un bijou de la littérature.

Nathalie est l'ainée de deux garçons. Jean Christophe qui a 3 ans de moins qu'elle et Frédéric, le cadet, qui en a 5 de moins. Alors qu'il s'apprête à prendre son envol, dans les deux sens du terme, et ainsi à réaliser le rêve d'un père qui n'a pas pu le concrétiser, Frédéric est victime d'un accident de voiture qui lui est fatal. La mort vient frapper à la porte de ses parents anéantissant ainsi toute la famille.
Page 36 "En une phrase, l'enfance qui s'écroule".

A travers un récit poignant, profond, une plume fluide et poétique, Nathalie Aumont décrit le paradoxe entre la vie qui s'arrête soudainement et celle qui continue autour. La douleur de l'absence, des silences, celle des souvenirs qui resurgissent sans prévenir. Le vide, le néant que crée l'absent autour de lui. Les dates évocatrices qui plongent dans la douleur que nul ne pourrait apaiser. Tout y est dépeint.

Une mère qui hurle en silence cherchant à s'accrocher au moindre espoir de revoir un jour ce fils, ce chérubin, ce soleil disparu comme on s'accroche à une bouée de secours. Un père qui met tout en œuvre allant jusqu'à tenter d'invoquer le paranormal tandis qu'il est cartésien tant il espère y découvrir un signe de vie après la mort.
Refusant la fatalité, le "plus jamais".

Si au début du roman et donc au moment du drame, la douleur est insoutenable elle s'estompe au fil du temps sans pour autant ne jamais cesser de hanter Nathalie, Jean Christophe et leurs parents.
Se raccrochant au positif, l'auteur est capable de tenir compte du fait que ça aurait pu être pire comme elle le décrit aux pages 82 et 83. "Le pire ne nous est pas arrivé. Il était parti vite, en trois heures à peine, sans souffrir - nous avait-on dit."
Et tandis que Nathalie commence à se reconstruire grâce à la vie, à la naissance et à l'innocence de son premier enfant, Pierre, Frédéric devient un symbole, une icône, une vedette, l'image que l'on idolâtre.
Page 94 "La vie revenait. La lumière gagnait sur la nuit."
Page 102 "A quoi bon se souvenir des heures qu'elle avait passées sans son soleil ? Ce n'était pas une maladie, en tout cas pas complètement. On ne parlait pas d'Alzheimer. Les bruits de l'extérieur lui arrivaient assourdis parce qu'elle ne tendait pas l'oreille. Elle se tenait à la lisière du monde, passant beaucoup de temps dans sa chambre au milieu de ses livres et de ses photos. Elle regardait la télévision comme on prend des tranquillisants. Et pour gouverner le présent, elle s'en était remise à mon père."

Si ce n'est jamais écrit de façon explicite, cette autobiographie nous rappelle à quel point la vie ne tient qu'à un fil. Et si chaque instant est éphémère alors il faut le vivre à 200 % tout en ne négligeant à aucun moment ceux qui nous entourent et que nous aimons. Une belle leçon de vie !
Je recommande ce roman à chacun car aussi loin de la douleur et de la destruction qui affligent cette famille personne n'en est à l'abri et la mort fait partie de la vie aussi insupportable soit-elle.


^^ :-3 :D :p :-* :-} :-~ :-] :( ;) O_o :-! :-= :-o :)

4 commentaires:

  1. Je viens de lire votre chronique. Je suis très heureuse que mon livre ait su trouver le chemin de votre cœur.
    Effectivement, beaucoup de personnes hésitent devant l'histoire tragique. J'espère que votre article les fera changer d'avis. Il s'agit d'un chemin vers la consolation, vers la lumière, vers la vie.

    Bien cordialement,
    Nathalie Aumont

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    Réponses
    1. Bonsoir,

      Je suis très touché que vous ayez pris la peine de me laisser un message.
      Ce chemin vers la vie c'est bien ce que l'on ressent et je vous souhaite du succès. Je sais également qu'il a plu à d'autres, j'en avais discuté avec une lectrice qui tient une association. Et si ça peut l'aider à prendre des ailes je n'hésiterai pas à en parler sur mon suivi sur Livraddict ainsi que le 14 ou le 16 Janvier à l'Armitière à Rouen.

      En vous souhaitant de bonnes fêtes de fin d'année,
      Sophie

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  2. En tout cas moi, il me tente beaucoup...

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